L'Organisation Mondiale de la Santé préconise l'allaitement exclusif jusqu'aux 6 mois de l'enfant. Mais dans les faits, allaiter, est-il si évident pour toutes les jeunes mamans ?

Témoignage de Camille, Maman de trois enfants.

" J’ai allaité mes trois enfants, mais ça a été pour chacun d’entre eux une aventure complètement différente. Une aventure, c'est vraiment le mot qui convient, avec ses incertitudes, ses rebondissements, ses obstacles, et ses joies aussi !

Aujourd'hui, je ne pourrais affirmer qu’une seule chose : il n’y a pas de mode d’emploi, ni une seule façon de mener un allaitement, à chaque enfant son allaitement. Hors de question de donner des leçons ou des préceptes sur le sujet ! Je veux juste partager mon expérience.

Pour le premier, je n’avais pas de repères, pas tellement de témoignages autour de moi, personne n’allaitait dans ma famille ou mes amies, c’était le grand saut dans l’inconnu !

Je me suis laissée porter par le corps médical, à la maternité d’abord, puis par les sages femmes à domicile et la PMI, ensuite. Un accompagnement que je qualifierais d’absolument nécessaire pour ces premières fois, technique surtout, mais moral aussi.
Malheureusement, parfois cet accompagnement a pu manquer un peu de bienveillance...
Ce qui m’a marqué notamment c’est la pression mise à la maternité. La montée de lait tardait à venir, on m’a posé un ultimatum: si ce soir il n’y a rien, on passe le bébé au biberon! Je ne comprenais pas très bien ce qu’il se passait, j’avais l’impression de ne pas y arriver, pas d’explications, beaucoup de solitude face à cette situation... 
Heureusement, la montée de lait est venue, la suite a été classique je dirais, une mise au sein plutôt facile malgré quelques petites crevasses et les douleurs des premières tétées.
Tout s’est rapidement mis en place, l’allaitement a duré 6 mois, le sevrage a été progressif, première aventure positive sans trop d’encombres!

Pour le second, une autre histoire ! Il est né avec trois semaines d’avance et cela a joué sur les débuts de l’allaitement, sa succion n’était pas au point. Mais il m’a fallu quelques temps pour comprendre que le problème venait de là.

A la maternité, aucun soucis pour la montée de lait cette fois ci, mais une vraie galère pour la mise au sein. Impossible de lui faire prendre correctement, même avec l’aide des sages-femmes! Il ne tétait que du bout des lèvres ce qui créait des crevasses, malgré les crèmes ou les bouts de sein en silicone, impossible de cicatriser. Les douleurs étaient si fortes que j’étais au bord du malaise à chaque tétée.
Un moment qui se voulait apaisant pour lui et moi était une vraie épreuve… 
Malgré cela, je ne voulais pas abandonner l’idée d’allaiter, j’y étais parvenue une fois après tout il n’y avait pas de raison ! 
J’ai alors tirer mon lait, pendant 10 jours, ce qui m’a permis de guérir les ptits bobos… Puis une amie m’a parlé de la « Leche League » (Association pour le soutien à l’allaitement maternel), m’a conseillé de les contacter, elle a sauvé mon allaitement ! 
Après une longue discussion, l’animatrice a décelé le problème de succion de mon bébé, et m’a donné, entre autres, de petits exercices  à lui faire faire pour le « rééduquer ». Après trois jours à appliquer ses conseils, il a pris le sein correctement, incroyable ! J’étais vraiment sceptique de cette consultation par téléphone, et pourtant, un miracle !

C’était parti, pour le plus long allaitement des trois ! Un an. Le sevrage a été une vraie galère en revanche, ceci étant peut être expliqué par cela...qui sait ! Cet allaitement a été fusionnel, un vrai bonheur pour mon bébé et moi.

Pour le troisième, un allaitement facile, une mise au sein parfaite dès le départ, un bébé qui tète à merveille, bien et beaucoup. Seul petit bémol, je découvre de nouvelles douleurs inconnues jusque là, une montée de lait abondante et de légers engorgements, et surtout les tranchées ! A chaque tétée, des contractions des muscles utérins insoutenables, heureusement, au bout de quelques jours, les douleurs diminuent et finissent par passer.

Bébé tète bien donc, mais il y avait quand même un hic (oui, sinon c’est pas drôle!) bébé pleure et se tortille après chaque repas, des hurlements qui n’en finissent pas. Cela a duré des semaines, je mettais ça sur le compte des coliques du nourrisson (terme cache-misère pour tous les maux inexpliqués de bébé) !
Après quelques temps, j’en ai parlé au pédiatre, il a évoqué l’hypothèse d'un reflux et m’a prodigué quelques conseils à mettre en place (la maintenir en position verticale après les tétées…), lui a prescrit du Gaviscon… Mais les pleurs de mon bébé ont continué...
Puis, un jour il m’a dit, tant qu’elle ne passera pas à une alimentation plus solide, cela risque de durer.
Pour confirmer si ses maux venaient bien de là et aussi pour avoir un espoir de fermer l’oeil plus de 2h consécutives la nuit, j’ai introduit un biberon le soir, avec du lait épaissi. Bébé a cessé de pleurer ! Je l’ai enfin vu repus et apaisé, j’étais enfin reposée et soulagée.

J’ai donc mené un allaitement mixte quelques semaines, pour finalement passer au biberon exclusivement. Le bien-être de mon bébé et notre sérénité à tous les deux passaient cette fois ci par ce mode d’alimentation. Le lait maternel ne lui convenait pas, il m’a fallu 3 mois pour le comprendre et l’accepter. Voir mon bébé paisible après le biberon, m’a permis de ne pas vivre cette fin prématurée d’allaitement comme un échec. C’était mieux ainsi . "

Bilan de ces allaitements ?

Trois enfants, trois expériences totalement différentes. Donc : Pas de lois, pas de règles, pas d’idées préconçues !

Des astuces ou des conseils à partager ?

-Se documenter sur ce qui nous attend avant d’y être, pour pouvoir être actrice de son allaitement dès la maternité.

-S’entourer de personnes bienveillantes et ayant cheminé dans cette grande aventure de l’allaitement.

-Avoir LA bonne crème pour les bouts de sein, ça change tout, une à base de Lanoline par exemple. Et s’en servir avant même la première tétée pour préparer le terrain.

-Garder en tête que d’un point de vue physique les premières semaines ne sont de toute façon pas très agréables, montée de lait, douleurs...c’est un apprentissage et comme pour tout il faut une phase d’ajustement !

-S’écouter et écouter son bébé ! Avancer sans idées reçues, à l’instinct, c’est vous qui sentez ce qu’il y a de mieux pour votre enfant : écoutez vous !

Le mot de la fin :

Pas de pression !

Il n’y a pas de bon ou mauvais mode d’alimentation, il n’y a pas d’échec ou de réussite ! Ce qui compte, encore une fois, c’est le bien-être de bébé et de maman. Une maman détendue au biberon, vaut mieux pour bébé qu’une maman allaitante crispée en souffrance à chaque tétée.
Si vous êtes bien, bébé sera bien, quelque soit votre choix !

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Et pour plus d’informations, le site de la Leche League : https://www.lllfrance.org/